Femmes dans la guerre
« Entre 1940 et 1943, une poignée de femmes résistantes répondirent à l’invivable par une salve d’avenir que l’on entend encore. Que l’on n’a pas fini d’entendre ». (Lydie Salvayre) André Malraux, dans un magnifique discours prononcé en 1975, a bien caractérisé la singularité du combat des femmes dans la Seconde Guerre mondiale : elles ont joué, à travers la Résistance, un rôle égal à celui des hommes, même s’il n’a été reconnu que tardivement.
Selon Lydie Salvayre, l’engagement des femmes précédait généralement la réflexion, il s’imposait à elles de sorte qu’elles se sont engagées sans filets, ni assurance, ni garantie sur l’avenir. D’après Françoise Dupont, elles étaient guidées par « des idées simples voire simplistes : quand un pays est occupé, avili, pillé, aux citoyens de tout faire pour le libérer ; quand on est prisonnier, on s’évade ; on ne travaille pas pour l’ennemi ».
Elles résistaient à leur façon, avec les moyens qui étaient les leurs. Anise Postel-Vinay, par exemple, avait comme outil principal un mètre de couturière pour mesurer les canons allemands stationnés au fort de Vincennes ; Lucienne Rolland, quant à elle résistait dans les camps de travail en ralentissant la cadence de production des obus allemands allant jusqu’à refuser les « primes de rendement » (nourriture, chaussures…) Lydie Salvayre résume cela : « Démunies de tout, ces folles opposèrent à la force la ruse et l’obstination. Aux attaques de front, ces folles opposèrent des petites escarmouches, de subtils sabotages, d’imprévisibles assauts, de minuscules insurrections ».
Au moment où elles s’engageaient, aucune n’avait pour ambition de devenir une héroïne. Après la guerre, toutes refusaient d’être considérées comme telle. Elles ont accepté de témoigner dans ce livre pour honorer le devoir de mémoire.
Cet ouvrage collectif inédit rend hommage à toutes les femmes en invitant certaines d’entre elles à témoigner sur cette douloureuse période. Ainsi, Anise Postel-Vinay, Lucienne Rolland, Suzanne Roquère-Salmanowicz, Françoise Dupont, Odile de Rouville, Françoise de Boissieu, Rose Vincent-Jurgensen, Christiane Audibert-Boulloche, Catherine Janot, Marie-Claire Scamaroni et Gisèle Guillemot, racontent leur résistance.