Histoire de l'habitat idéal
« C’est l’histoire des raisons pour lesquelles la société urbaine des pays riches en est venue à idéaliser le modèle de l’habitation individuelle au plus près de la nature. » De ses plus anciennes expressions mythologiques jusqu’à l’urbain diffus contemporain, cette histoire couvre plus de trois millénaires. Elle aboutit aujourd’hui à un paradoxe insoutenable : la quête de « la nature » détruit son objet même : la nature. Associée à l’automobile, la maison individuelle est effectivement devenue le motif directeur d’un genre de vie dont l’empreinte écologique démesurée entraîne une surconsommation, insoutenable à long terme, des ressources de la nature. Les deux premières parties de l’ouvrage sont historiques. Elles portent principalement sur l’Asie orientale, où est apparue la notion de paysage, tout en opérant de multiples recoupements avec l’Europe, et en montrant la confluence, à partir du XVIIIe siècle, des diverses filiations d’où est issu l’idéal de l’habitation hors de la ville, au sein de « la nature ». La troisième partie porte sur les tendances générales de l’habitat contemporain dans les pays riches (Amérique du Nord, Europe occidentale, Japon…) en soulignant leur double effet sur la nature : externe (sur l’environnement) et interne (sur les fondements ontologiques de l’être humain). Dépassant le clivage Orient-Occident, ce livre montre les analogies profondes qui, là comme ailleurs, instituent d’un même mouvement la personne et l’écoumène, la relation de l’humanité à l’étendue terrestre. Ceux qui connaissent Augustin Berque trouveront dans ce livre - « L'Habitat idéal » - une synthèse de son œuvre. Tous les autres sont invités à prendre connaissance de celui qui, à la fois géographe et orientaliste, est peut être aujourd'hui un de ceux qui, toutes disciplines confondues, œuvre le plus pour redonner du sens à notre milieu de vie. Philippe Petit – France Culture/Marianne