Marian Anderson
En 1939, Marian Anderson rentre d’une tournée triomphale en Europe, où elle a été acclamée de Londres à Paris et d’Helsinki à Leningrad. Toscanini a parlé d’une voix « comme on en entend qu’une par siècle », et la rumeur dit que Staline aurait assisté en cachette au récital donné à Moscou par cette Américaine noire. Pourtant, le droit de chanter dans la seule salle de Washington assez vaste pour l’accueillir, Constitution Hall, lui est refusé : son règlement dit « white artists only ». Des militants, avec le soutien de la Première dame, Eleanor Roosevelt, organisent alors devant le mémorial Lincoln un concert en plein air qui réunit 75 000 spectateurs et un million d’auditeurs sur les ondes.
Cet ouvrage nous entraîne dans le récit du destin fascinant de cette petite orpheline de Philadelphie devenue une icône des droits civiques trois décennies avant le discours que Martin Luther King prononcera au même endroit. C’est le monde entier et tout le xxe siècle qui sont convoqués dans ces pages où l’on voyage des compartiments réservés aux Noirs dans les trains de l’Alabama aux paquebots transatlantiques et aux dorures de l’Opéra Garnier. Sur un fond musical de Schubert et de negro spirituals, on y découvre un aspect méconnu de la lutte pour les droits des Afro-Américains.