Le Dernier des hommes
Les sociétés découvrent leur vrai visage dès qu’on les observe depuis leurs marges. La figure du mendiant offre, de ce point de vue, un cas idéal. Personnage déclassé et toujours soupçonné d’être un parasite, le mendiant est victime de tous les préjugés, de toutes les violences. Dans la société grecque classique, il est l’anti-modèle de l’homme accompli, que définit son statut de propriétaire terrien, de chef de famille et de citoyen. Mais il en est en même temps le miroir et le révélateur : il lui renvoie ses propres valeurs et ses propres défauts. À travers l’étude de cinq représentations littéraires et philosophiques du mendiant puisées chez Homère, Sophocle, Aristophane, Platon et les cyniques, Étienne Helmer montre comment ce personnage, objet de mépris et de suspicion, est toujours en même temps présenté comme le porte-parole de la vérité, aussi bien sur les plans éthique et politique que métaphysique et anthropologique. Cet ouvrage, le seul en langue française consacré à cette question, n’est pas destiné aux seuls spécialistes de l’Antiquité : il s’inscrit dans un champ de recherches plus large autour de l’une des questions centrales de notre temps.
Étienne Helmer est professeur associé du département de philosophie de l’Université de Porto Rico. Ses travaux portent principalement sur la pensée politique et économique dans le monde grec. Il est l’auteur notamment de deux traductions aux éditions du Félin (La Cité et son ombre, Allan Bloom, 2006 ; Les Grecs et leurs croyances, E. R. Dodds, 2009) ainsi que de La Part du bronze. Platon et l’économie (Vrin, 2010), d’Épicure ou l’économie du bonheur (Le passager clandestin, 2013), et de Diogène et les cyniques ou la liberté dans la vie simple (Le passager clandestin, 2014).