Tombés du ciel

Tombés du ciel

Histoire d'une ligne d'évasion
Paru le 24 février 2005
ISBN : 2-86645-5835
Livre en librairie au prix de 19.90 €
352 pages

Naissance de la ligne Comète


Le 10 mai 1940, les Allemands envahissent, sans leur avoir déclaré la guerre, la Hollande, la Belgique et le Luxembourg. Les Alliés se portent au secours des pays envahis mais ils doivent reculer devant un ennemi très supérieur en nombre et en matériel.
Le 28 mai 1940, la Belgique est contrainte de déposer les armes et l’occupation de ce pays commence. Mais beaucoup de militaires alliés qui n’ont pu être embarqués à Dunkerque se cachent encore à Bruxelles. Il y a aussi, dans les hôpitaux, de nombreux blessés qui, lorsqu’ils seront guéris, seront conduits dans des camps de prisonniers.
Andrée De Jongh, dite Dédée, est une jeune infirmière belge dont le père est directeur d’une école primaire à Schaerbeck, banlieue industrielle de Bruxelles. Profondément patriote, elle fait partie d’un groupe de jeunes qui, comme elle, refusent la défaite et essaient par tous les moyens de résister à l’occupant. Dédée rêve de faire évader les blessés qu’elle soigne à l’hôpital. Avec ses amis, elle s’occupe aussi de tous ces clandestins qui sont cachés chez des Belges courageux: il faut continuellement les changer de planque pour diminuer les risques courus par ceux qui les hébergent, il faut leur trouver de la nourriture et des vêtements – problème épineux en ces temps où la Belgique manque de tout –, il faut leur faire faire de faux papiers.
Le petit groupe de résistants dont fait partie Dédée est peu à peu décimé par les arrestations. Bientôt il ne reste plus que deux personnes, Arnold Deppé et Dédée elle-même. Courageusement, ils font le bilan de leur activité et doivent reconnaître avec lucidité qu’ils usent leurs forces en pure perte: les militaires qu’ils cachent ne servent à rien pour la poursuite de la guerre et ils mettent en grand danger ceux chez lesquels ils se cachent. Une seule solution s’impose: leur faire rejoindre l’Angleterre qui se bat encore. Ainsi ils redeviendront opérationnels et leurs logeurs seront disponibles pour un autre travail. Mais comment faire? Par où passer? La côte est beaucoup trop surveillée. En revanche, prétend Arnold, il n’est pas difficile de traverser les Pyrénées. Il a travaillé avant la guerre dans la région de Bayonne et il se souvient que l’on faisait beaucoup de contrebande avec l’Espagne. Ce pays n’étant pas en guerre, il ne doit pas être impossible, une fois la montagne franchie, d’arriver à Gibraltar où l’on remettrait les fugitifs aux Anglais. L’idée est séduisante et Dédée s’y rallie aussitôt avec enthousiasme.
Il est décidé qu’Arnold fera un premier voyage en éclaireur. Il demande à la société qui l’emploie son congé annuel et une avance sur son salaire. Et il se lance dans l’aventure. Au retour il fait son rapport à Dédée:
– Pour la frontière française, pas de problème à condition d’avoir des papiers en règle. Mais la Somme est une véritable frontière entre la zone interdite (la Belgique et le nord de la France) et la zone occupée. Pas question de passer par Amiens, c’est beaucoup trop surveillé. Mais j’ai fait la connaissance d’une brave paysanne, Nénette, qui habite du côté de Corbie. Sa ferme est située sur la rive gauche de la Somme, tout près de l’eau. Sa barque nous attendra, cachée dans les roseaux, sur la rive droite, nous n’aurons qu’à l’emprunter pour passer de l’autre côté. Pour le sud, j’ai également rencontré une famille de Belges qui est arrivée là au moment de l’exode de mai 1940 et qui y est restée. Ils habitent, à Anglet-lez-Bayonne, une maison, la villa Voisin, qui est cachée dans la verdure au bout d’un petit chemin creux, bref, l’idéal pour nous. Ils sont très patriotes et ne demandent qu’à nous aider. Ils nous trouveront des guides pour les Pyrénées.
Et Arnold ajoute, enthousiaste:
– Vous verrez, Dédée, on les aura jusqu’au trognon!
M. et Mme De Greef furent, en effet, jusqu’à la fin de la guerre, le plus ferme soutien de la ligne Comète dans le sud. Tempérament ardent, Mme De Greef s’ennuyait un peu aussi loin de son pays et elle avait confié à M. Appert, de la Société générale à Bruxelles, son désir de faire quelque chose pour aider les Alliés. C’est justement ce M. Appert qu’Arnold était allé voir avant de partir pour avoir des adresses dans le sud.
– Celui qui viendra de votre part, avait dit Mme De Greef, n’aura qu’à dire: «Gogo est mort», Gogo étant un petit chien que nous aimions beaucoup et qui effectivement vient de mourir.
C’est ce mot de passe qui valut à Mme De Greef son original nom de guerre: Tante Go. Son mari fut appelé l’Oncle.

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Odile de Vasselot a enfin accepté de publier le récit de son engagement dans la Résistance et de raconter l’histoire du réseau Comète. La ligne d’évasion Comète est née de l’initiative d’une jeune infirmière belge désireuse de faire évader les militaires, blessés et prisonniers, qu’elle soignait à l’hôpital. Peu à peu, la ligne s’est transformée en un vaste réseau qui s’étendait des Pays-Bas jusqu’à Gibraltar, responsable de l’évasion des aviateurs alliés. C’est en brossant le portrait de chacun des acteurs avec leur courage, leur modestie et leur ténacité que l’auteur nous fait revivre une phase essentielle de la Résistance.

Avant de faire partie du réseau Comète, Odile de Vasselot débute son action en servant d’agent de liaison au service de renseignement Zéro. Prenant le train chaque fin de semaine, elle est chargée de remettre courriers et documents à Toulouse, avec la menace sans cesse présente d’une arrestation par la Gestapo.

Soixante ans après les événements, ce récit autobiographique est toujours aussi vivant. Grâce à un ton si personnel, un sens aigu de l’anecdote, la distance qu’elle a su prendre avec elle-même, et cette envie, toujours aussi forte, de rendre hommage à ses compagnons d’armes, Odile de Vasselot témoigne ici avec passion de l’évident engagement d’une partie de la jeunesse contre l’occupant nazi.

Après la guerre, Odile de Vasselot a fondé et dirigé le lycée Sainte-Marie d’Abidjan

Revue de presse