La Victoire du 8 novembre 1942
Le 19 juin 1940, en écoutant Pétain demander « la paix », l’étudiant José Aboulker avait pleuré. Immédiatement hostile à Pétain, il mit quelques mois pour penser que l’arrivée en Afrique du Nord des armées alliées était inéluctable. Sûr que l’armée française resterait alors fidèle à Pétain, il voulait « inventer » une aide pour le débarquement. Dès la fin 1940, José Aboulker, et son cousin, Roger Carcassonne à Oran, voulurent rassembler les bonnes volontés de résistance, organiser une action « secrète », cloisonnée, de jeunes résistants : José Aboulker fut, à Alger, l’animateur principal de cette force, dite des Quatre cents. Le 7 novembre 1942, ces jeunes gens arrêtèrent les généraux de l’armée de Vichy, occupèrent leurs États-majors et le Palais du Gouverneur général : l’entrée des troupes américaines et anglaises put se faire sans combat, en quinze heures, le 8 novembre 1942. José Aboulker, alors âgé de 22 ans, est, comme l’écrit Jean-Louis Crémieux-Brilhac, « un des plus étonnants héros de notre histoire ». Après une grande carrière de neurochirgien, José Aboulker se plongea dans les livres sur la guerre et se mit à écrire. Il voulait bien sûr décrire l’action des résistants à Alger mais aussi montrer comment elle prenait sa source dans la convergence de certains épisodes de la guerre. Le temps qu’il analyse est, pour l’essentiel, celui des années qui séparent mai 1940 – Hitler réglant ses comptes – de la victoire des armées alliées débarquant à Alger. Passionnant comme témoignage d’un acteur central, ce livre est aussi une analyse impitoyable de la défaite et des compromissions et lâchetés de « l’État français ».
José Aboulker (1920-2009). Compagnon de la Libération (30 novembre 1943).