Mélanges romantiques
« Rien n’est plus poétique que tous les passages et les mélanges hétérogènes », écrivait Novalis. Le mouvement romantique, qui prône l’indiscipline et les hybridations, accorde au mélange des genres et des formes une valeur à part entière. Comique et sublime, haut et bas, art et nature, rêve et réalité, nombreuses en cette période sont les combinaisons qui malmènent la hiérarchie des sujets et les frontières disciplinaires. Après les Résonances du romantisme (Lettre volée, 2005), consacrées aux contradictions esthétiques, ces Mélanges romantiques examinent, sous trois angles différents – religion, fragment et rêve –, la thèse spéculative selon laquelle l’art manifeste de façon privilégiée la vérité absolue. Loin d’instaurer le culte unique du beau et du vrai, le romantisme met en crise la vérité en art et jusqu’à l’idée de représentation. Plus qu’une thèse sur le romantisme, ce livre est un essai mené avec le romantisme, fait de coups de sonde, d’hypothèses, de rêveries et de quelques variations théoriques. Mais pourquoi revenir sur notre passé romantique ? Par nostalgie, réaction, insatisfaction à l’égard de notre monde ? Rien de cela ne prend en compte l’essentiel. Reprendre la question romantique, c’est instaurer un dialogue avec un passé qui se tient à la lisière du présent, et, en retour, faire émerger les potentialités de ce mouvement à la lumière de ses effets contemporains ; critique du système, déconstruction de l’œuvre, montages aléatoires. Il n’est jamais indifférent d’être moderne.
Olivier Schefer enseigne l’Esthétique et la Philosophie de l’Art à l’université Paris I (Panthéon Sorbonne). Spécialiste de la période romantique, et de l’œuvre de Novalis en particulier, il a traduit et édité plusieurs ouvrages du romantisme allemand, parmi lesquels : Novalis, Le Brouillon général (Allia, 2000), Semences (Allia, 2004), Art et utopie. Les derniers fragments. 1799-1800 (Ens/Ulm, 2005). En collaboration : La Forme poétique du monde. Anthologie critique du romantisme allemand (José Corti, 2003), Wackenroder et Tieck, Épanchements d’un moine ami des arts (José Corti, 2009), Théophile Gautier, L’Art moderne (Gille Fage, 2011). Olivier Schefer a publié la première biographie de Novalis aux Éditions du Félin, Novalis, 2011. Il prépare une édition intégrale des manuscrits de Freiberg de Novalis chez le même éditeur.