Nicolas Berdiaev
Si je m’interroge sur les hommes que j’ai pu rencontrer et que je connais, il n’en est point qui, autant que Nicolas Berdiaev, témoigne d’une aussi grande ouverture sur le transcendant. Cet homme avait reçu, dès l’enfance, la marque indélébile du divin. Il était habité par une présence et son regard, sa pensée, sa voix elle-même en témoignaient.
Souvent, dans sa maison de Clamart, devant une tasse de thé et des petits pains aux choux (piroijki) qu’il affectionnait, je l’ai entendu parler des « fous en Dieu ». Il racontait avec verve des anecdotes dont le merveilleux formait la trame. Quand je lui demandais : « N’êtes-vous pas un « fou en Dieu » ? », il riait et répondait : « Il n’existe plus de « fous en Dieu », mais je suis issu de leur race. » Et il ajoutait : « Dieu n’est en rien semblable à l’idée qu’on s’en fait. Absolument rien. »
Une phrase de Berdiaev pourrait illustrer le propos de cette étude :
« C’est de la pneumologie, non de la psychologie, que relève mon travail. Dévoiler la part spirituelle, tel est mon objet. »
Marie-Madeleine Davy
Nicolas Berdiaev (Kiev 1874 – Paris 1948 ) est l’un des grands philosophes russes du vingtième siècle.
Marie-Madeleine Davy, spécialiste de la spiritualité médiévale, a toujours porté un vif intérêt à la philosophie contemporaine. Les éditions du Félin ont déjà oublié du même auteur La Lumière dans le christianisme (1989) et Bernard de Clairvaux (1990).