La Girafe a un long cou
«La girafe a un long cou…» Le message diffusé depuis Londres, le 4 juin 1944, était destiné au résistant Poirier. Il annonçait le débarquement en Normandie, et l’apogée d’un engagement riche de nombreuses et étonnantes aventures. Résistant de la première heure, ses contacts le conduisent au réseau Combat, puis au SOE, le fameux «Special Operations Executive», le bras armé de Churchill sur le continent. Jacques R.E. a tout juste vingt ans lorsqu’il est parachuté en France, après un entraînement intensif en Angleterre. Il devait passer pour un Anglais, alors qu’il tient plus de Cyrano de Bergerac que de Marlborough. Un jour, le jeune homme rencontre un résistant qui l’impressionne par son éloquence et son courage: Malraux, alias le colonel Berger. Ce dernier lui apprend qu’il est «grillé» sur la région et lui conseille d’aller à Paris quelque temps. «Je vous accompagnerai», lui dit-il. De fait, à Paris, ils rencontrent Albert Camus qui s’occupe de trouver des logements sûrs. Le philosophe Jean Lescure l’accueille d’abord avec un grand courage, puis Jean Paulhan l’héberge. Par la suite, il est conduit dans l’appartement inoccupé d’André Gide, rue Vanneau, avec les conseils de ne pas se faire remarquer par la concierge… Jacques Poirier rejoindra finalement la Dordogne et la Corrèze avec Malraux, et participera activement à la libération de Brive-la-Gaillarde, première ville française libérée par la Résistance.
Jacques R.E. Poirier, après la guerre, a rejoint une importante compagnie internationale pétrolière. Son ouvrage, La girafe a un long cou, a été distingué par l’Académie française avec le prix du Maréchal Foch, et par l’Académie nationale des sciences, belles lettres et arts de Bordeaux.